L'AS Saint-Étienne vit actuellement une transformation profonde sous la direction de ses nouveaux propriétaires. Roland Romeyer, figure emblématique du club pendant près de deux décennies, a été définitivement écarté de toutes ses fonctions par Kilmer Sports Ventures. Cette décision marque un tournant historique pour les Verts, symbolisant la rupture totale avec l'ancienne direction. Samedi soir, lors de la victoire face à Reims (3-2), l'ancien co-propriétaire n'était plus qu'un spectateur parmi d'autres dans les tribunes de Geoffroy-Guichard. À 80 ans, celui qui dirigeait l'ASSE aux côtés de Bernard Caïazzo se retrouve désormais complètement en marge de son club de cœur. Cette mise à l'écart progressive, qui s'est accélérée ces derniers mois, illustre la volonté des nouveaux dirigeants de tourner définitivement la page de l'ère précédente.
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Une transition brutale vers l'anonymat
La présence de Roland Romeyer samedi soir dans les tribunes de Geoffroy-Guichard avait quelque chose de surréaliste. Vêtu d'un costume bleu marine et d'une chemise blanche, l'ancien dirigeant échangeait des regards complices avec d'anciens proches, mais son statut avait radicalement changé. Depuis la vente du club le 3 juin 2024 à Kilmer Sports Ventures, Romeyer avait initialement conservé deux fonctions symboliques qui lui permettaient de maintenir un lien avec l'institution stéphanoise. La présidence du musée des Verts et celle de l'association caritative ASSE Cœur-Vert, créée en 2011, constituaient ses derniers bastions dans l'organigramme du club. Ces postes honorifiques représentaient un compromis permettant à l'ancien co-propriétaire de rester visible tout en laissant les rênes opérationnelles aux nouveaux dirigeants. Cependant, cette cohabitation s'est révélée de courte durée, les signaux d'un éloignement progressif se multipliant au fil des mois.
Des accusations qui précipitent la rupture
La décision définitive de Kilmer Sports Ventures d'écarter Roland Romeyer de ses dernières fonctions est intervenue fin août, dans un contexte judiciaire particulièrement lourd. Deux salariées du club ont déposé plainte fin juin avec constitution de partie civile, accusant l'ancien dirigeant d'avoir instauré un climat sexiste marqué par des gestes et propos déplacés. Ces accusations ont conduit à l'ouverture d'une enquête préliminaire "sous le chef de harcèlement et outrages sexistes, aggravés par le lien hiérarchique ou la minorité", comme l'a confirmé Anne Gaches, procureure de Saint-Étienne. Cette actualité judiciaire a servi de justification officielle à KSV pour mettre fin aux mandats honorifiques de Romeyer. Les nouveaux propriétaires avaient déjà manifesté leur sensibilité aux questions de sexisme dans le football, notamment à travers les ateliers "ELLES" organisés avec l'association Her Game Too. Cette approche moderne du management sportif contraste fortement avec les méthodes de l'ancienne direction.
La fin symbolique d'une époque
Désormais privé de ses postes officiels, de sa voiture de fonction et même de ses places attitrées dans le Chaudron, Roland Romeyer n'a pu assister au match face à Reims que grâce à l'invitation d'un sponsor. Cette situation illustre parfaitement la chute de celui qui dirigeait l'ASSE pendant près de vingt ans. Son dernier lien avec le club se limite désormais à quelques parts sociales, vestige dérisoire de son ancienne influence. Une assemblée générale extraordinaire d'ASSE Cœur-Vert doit se tenir en octobre pour élire un nouveau président, poste qui reviendra obligatoirement à un membre du conseil d'administration de la SASP ASSE. Cette transition organisationnelle marque définitivement la fin de l'ère Romeyer à Saint-Étienne, dans des circonstances particulièrement lourdes qui ternissent l'héritage de l'ancien dirigeant.
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