Depuis l'arrivée de Kilmer Sports Ventures en juin 2024 pour racheter l'ASSE, le club ligérien traverse une période de transformation radicale qui suscite de vifs débats. Cette nouvelle direction a complètement repensé l'approche stratégique du club, en plaçant la data au cœur de ses décisions sportives et économiques. Cependant, cette révolution méthodologique peine à convaincre l'ensemble des observateurs du football français. L'investissement de 24 millions d'euros l'année dernière n'a pas empêché une descente traumatisante en Ligue 2, soulevant des interrogations légitimes sur l'efficacité de cette nouvelle philosophie. Les résultats mitigés alimentent un débat passionné entre partisans et détracteurs de cette approche moderne, questionnant la compatibilité entre innovation technologique et tradition footballistique stéphanoise.
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Une stratégie data défendue malgré les échecs
David Gluzman, banquier spécialisé en financement structuré et chroniqueur reconnu, défend avec nuance le projet de Kilmer malgré les déceptions récentes. Il exprime sa stupéfaction face à la relégation : "C'est très étonnant — et très décevant — que Saint-Étienne soit descendu avec ce niveau d'investissement. On parle de 24 millions investis l'année dernière." Cette analyse met en lumière le paradoxe d'un club disposant de moyens financiers conséquents mais incapable d'éviter la chute. Gluzman pointe particulièrement du doigt les lacunes du mercato hivernal, critiquant le manque d'agressivité sur des postes stratégiques. Sa frustration transparaît quand il évoque la composition finale de l'effectif : "En finissant avec Dennis Appiah et Léo Pétrot, j'ai été très surpris. Un investissement minimal aurait dû suffire à garantir un maintien confortable." Cette politique qu'il qualifie de "ni-ni" illustre selon lui une incohérence fondamentale dans l'approche adoptée par les nouveaux dirigeants.
Les fondements d'un modèle économique moderne
Malgré les critiques, Gluzman reste convaincu de la pertinence du modèle choisi, à condition qu'il soit appliqué avec cohérence et détermination. Il défend ardemment l'utilisation de la data : "La data, c'est une politique qui marche pour les divisions inférieures. [...] Ce modèle fonctionne." L'expert met en avant les compétences exceptionnelles des dirigeants de Kilmer Sports Ventures, soulignant notamment le parcours d'Ivan Gazidis, qui "a modernisé Arsenal après l'ère Wenger", et de Jaeson Rosenfeld, présenté comme "un des pionniers de la data dans le foot". Ces profils de haut niveau constituent selon lui un gage de crédibilité pour l'avenir du projet stéphanois. Les premiers signes encourageants se manifestent déjà sur le marché des transferts, où la stratégie trading commence à porter ses fruits. Gluzman souligne que Stassin et Davitashvili, les deux meilleures recrues identifiées par cette approche, "ont déjà reçu des offres doublées", validant ainsi la pertinence des choix effectués.
Les réserves face à une révolution culturelle
Félix Rouah, journaliste expérimenté, exprime des réserves significatives concernant cette transformation radicale de l'ASSE. Sa méfiance porte sur l'excès de rationalisation qu'il perçoit dans cette nouvelle approche : "J'ai un peu plus de mal avec cette forme de doctrinement, cette idée de tout miser sur la DATA." Cette critique révèle une tension fondamentale entre modernité technologique et identité traditionnelle du club. Rouah questionne la compatibilité de ce projet avec l'ADN historique des Verts : "Je ne pense pas que l'ASSE, avec son poids historique et son public, fasse partie des clubs prêts à accepter un projet aussi hybride et innovant." Il dénonce également une certaine désinvolture perçue face à la relégation, estimant que la direction a parfois donné "l'impression que la descente n'était même pas si grave". Cette attitude contraste avec l'attachement viscéral des supporters stéphanois à leur club. L'inquiétude majeure de Rouah concerne l'état psychologique des fans : "Les supporters de Saint-Étienne sont épuisés mentalement", une fatigue qui pourrait compromettre l'adhésion nécessaire au nouveau projet.
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