Paris Saint-Germain : Formateur d’excellence qui délaisse ses jeunes ?

Le PSG est devenu en moins de dix ans une véritable référence en Europe. Capable de jouer les premiers rôles dans chacune des éditions de la Ligue des Champions depuis de nombreuses années, le club de la capitale se distingue aussi par son immense réservoir de talents. De très nombreux joueurs évoluant dans le Big 5 européen sont issus de la formation parisienne et les titis sont désormais prisés. Comment expliquer ce paradoxe de recrutements XXL chaque année ?

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Le CIES a rendu publique ce lundi, une liste permettant de classer les meilleurs clubs formateurs à travers le monde. Le Paris Saint-Germain se trouve être le 14e club qui fournit le plus les équipes européennes de ses talents avec 47 joueurs évoluant actuellement en Europe issus de la formation parisienne. Il est le 4e club qui fournit le plus les équipes du Big 5 derrière le Real Madrid, le FC Barcelone et l’Olympique Lyonnais avec ses 30 joueurs formés dans la liste. Mieux encore, en pondérant la quantité de joueurs formés avec la qualité des équipes dans lesquelles ils évoluent, le PSG passe au 3e rang des meilleurs formateurs du football européen.

Ils ont réussi au PSG

Des symboles de la formation parisienne qui s’est imposée au club, Presnel Kimpembe est certainement le plus grand. Placé haut dans la hiérarchie des capitaines, champion du Monde avec l’équipe de France en 2018 et toujours fidèle au poste, il a récemment déclaré avoir envisagé de livrer l’intégralité de sa carrière à Paris.

Leur parcours est plus nuancé, mais Alphonse Aréola et Adrien Rabiot ont eux aussi connus des moments forts sous le maillot parisien. Titulaires indiscutables lors de certaines années marquantes notamment en Ligue des Champions, ces deux joueurs ont quitté le club en ayant laissé trace de leur passage. En remontant légèrement plus dans le temps, Mamadou Sakho est lui aussi un symbole fort de la formation parisienne lors de l’ère pré-qatarie. Ayant joué une grande partie de sa carrière en Angleterre, il a tout de même de grands souvenirs au Parc des Princes.

La fuite des talents

Aujourd’hui, seul Kimpembe est encore là. Adrien Rabiot est parti à la Juventus Turin dans un contexte d’imbroglio tandis qu’Aréola a subi la concurrence de Navas en son temps. Mais outre leurs exemples, de nombreux jeunes joueurs extrêmement prometteurs n’ont pas eu leur chance au sein de l’effectif et ont pris la décision de partir, parfois à contre-cœur pour réussir ailleurs.

Naturellement, le nom de Kingsley Coman, vainqueur d’au moins un titre majeur par an depuis le début de sa carrière est inévitable. Référence mondiale depuis ses passages à la Juventus et aujourd’hui au Bayern Munich, sa formation n’est plus qu’un lointain souvenir. Christopher Nkunku peut lui aussi être mis en avant. Après 78 matchs joués en 4 ans au PSG, Nkunku s’envole pour Leipzig où il brille particulièrement cette saison, mais où il a trouvé sa place depuis quelques temps désormais. Moussa Diaby, lui aussi en Allemagne désormais, du côté du Bayer Leverkusen, vit une ascenssion fulgurante qui lui a permis d'accéder dernièrement à l'équipe de France après des performances régulières et remarquées. Enfin, Stanley Nsoki, plus jeune mais tout aussi important, est lui aussi parmi les talents expatriés. Parti se forger à Nice, il s’épanouit maintenant à Bruges où son développement sur le côté gauche est important.

Ces profils évoluent des postes clés où cette saison encore, l’effectif parisien entretient quelques lacunes. Si des joueurs comme Neymar ou Messi sont difficilement remplaçables dans le onze, la question de la profondeur de banc ou même de la concurrence peut se poser au regard de la renommée de ces joueurs actuellement, mais surtout dans le futur.

La fermeture de la réserve et les départs progressifs

En 2019, Leonardo a confirmé la décision de Antero Henrique, à savoir supprimer l’équipe réserve du PSG. Une décision largement décriée par les supporters, le public, mais aussi les joueurs eux-mêmes obligés de trouver d’autres biais pour se développer. Arnaud Kalimunendo, prêté à Lens depuis la saison passée, s’était exprimé sur le sujet auprès de l’Équipe :

C'est toujours possible de percer, mais le PSG n'est pas la voie la plus facile. Qu'il n'y ait plus de réserve a tout changé pour nous. On réfléchit davantage sur nos possibilités et ça amène ce type de situation. […] Il y a des joueurs d'expérience, ils ont marqué l'histoire du club, il faut rester humble. Mais quand tu le vis, ce n'est pas facile, et je ne me voyais pas me contenter de bouts de matches.

Arnaud Kalimuendo - 19 ans, prêté au RC Lens

Adil Aouchiche à Saint-Étienne, Yacine Adli à Bordeaux puis à Milan, Tanguy Kouassi au Bayern Munich, tous ont décidé de mettre les voiles, en misant sur le fait malheureux qu’ils n’auraient pas leur chance à Paris.

La question de la gestion des jeunes se pose également chez les joueurs encore plus jeunes. Le Franco-Marocain Kays-Luiz Atil, formé à Paris, a intégré cette année la réserve du FC Barcelone alors qu’il était considéré comme un grand espoir au milieu de terrain. Dans le sens inverse, l’intégration de Xavi Simons, arrivé en provenance de Barcelone en 2019 alors qu’il n’avait que 16 ans, semble ne pas être dans les plans du staff parisien. Dans l’entrejeu, Herrera et Wiljnaldum ont été recrutés depuis et prennent ces minutes importantes dans la rotation, au même titre que Julian Draxler par exemple.

Partis pour mieux revenir ?

Il existe une lueur d'espoir vis-à-vis des jeunes au PSG, notamment chez ceux partis en prêt et qui comptent revenir ensuite. Cette saison, Arnaud Kalimuendo brille au RC Lens et ses performances semblent en constante progression depuis l'an passé. Une place parmi les révélations de Ligue 1 lui est légitimement faite et ses espoirs d'intégrer un jour l'équipe première à Paris pourraient ne pas être vains. Timothée Pembélé vit un développement similaire à Bordeaux. Lui qui avait déclaré préférer jouer en Gironde plutôt que de regarder Messi depuis le banc réussit son pari et pourrait bien se voir récompensé. Après tout, Adrien Rabiot est passé par une année de prêt à Toulouse avant de pouvoir véritablement faire sa place dans l'équipe parisienne, jusqu'à en devenir une pièce maîtresse.

À noter la montée récente de la deuxième équipe du Paris-Saint Germain en National 3, la 5e division française, dans le même temps que la suppression de la réserve. Une équipe qui pourrait elle aussi être exploitée pour conserver les jeunes par exemple. La question d’un rachat d’un club satellite se pose également parmi les supporters, à l’image de City Group.

Les recrutements semblent toujours être au centre du projet et l’intégration des jeunes étant d’une rareté extrême, les talents n’hésitent plus à tenter leur chance ailleurs avec le rêve de réussir loin de leur club de cœur.